Je ne sais pas pourquoi Socrate prétendait ne rien savoir. Etait-ce par pure méthode, “la méthode socratique”, comme plus tard Descartes qui dans sa poursuite de la vérité voulu douter méthodiquement de tout :”je doute, donc je suis”? En tout cas moi, je n’ose dire que je ne sais rien, même si je ne sais pas grand chose. J’éprouve beaucoup de tendresse pour les deux “imbéciles” Bouvard et Pécuchet, errant dans tous les sens sans méthode et sans rigueur à la recherche d’un savoir qui les élèverait au-dessus de l’opinion. En tout cas, il me semble que leur quête n’était pas purement intellectuelle. Il s’agissait pour eux d’opérer des choix de vie; il s’agissait de découvrir des repères pour avancer.

Au seuil de ce blog, j’ai beaucoup de questions et peu de réponses. Peut-être l’un(e) on l’autre internaute viendra-t-il(elle) à l’occasion éclairer ma lanterne.

Pour suivre le fil logique, il vaut mieux commencer par le texte le plus ancien en déroulant le menu ou en cliquant dans l'ordre du FIL D'ARIANNE ci-contre.

samedi 29 mai 2010

4. Opinion d'aujourd'hui vaut-elle mieux qu'opinion d'hier?

Rien ne peut justifier ce raisonnement. Pourtant considérer l'opinion la plus récente comme la meilleure est extrèmement répandu et celui qui cherche à penser juste aura difficile de se protéger de cette erreur de raisonnement tant nous y sommes habitués ne fut-ce que par la publicité qui joue beaucoup avec l'attrait du neuf. Et pour tout ce qui touche à l'humain, l'idée "progressiste" suppose que l'humanité progresse, comme les sciences progressent à pas de géant et donc que les opinions d'aujourd'hui sont plus "éclairées" que celles d'hier; que les vérités d'aujourd'hui sont plus vraies que celles d'hier complètement dépassées. Mais est-ce bien vrai cela? Est-ce toujours le cas?
 En 1955, le grand philosophe Gabriel Marcel  commentait ainsi ce qu'il considérait comme une illusion ( il suffirait aujourd'hui de remplacer 1955 par 2010): «La vérité est la vérité. 1955, c'est seulement un numéro; cela ne signifie rien du tout, pas plus que le numéro sur un ticket de wagon-restaurant. 1955! Vous dites cela comme si c'était une altitude, comme si vous étiez sur le Monte Rosa et que vous regardiez au fond de la vallée les pauvres personnes qui existaient il y a des siècles. Mais ce n'est pas vrai, vous n'êtes pas sur le Monte Rosa. 1955 n'est pas une altitude. Les hommes et les femmes en 1955 en général ils sont sur un poggio de rien du tout - et Saint Francois, Saint Bonaventure et tous les autres, ils étaient dans la stratosphère malgré le numéro.»(Gabriel Marcel, Mon temps n'est pas le vôtre,acte II, Sc I)

Et Socrate, qu'en pensait-il? ICI.



-Qu'en pensez-vous? 
-Avez-vous un exemple de vérité qui viendrait du fond des âges et qui néanmoins serait toujours d'actualité ou qui prévaudrait sur des idées plus "modernes"?
-Existe-t-il des vérités éternelles?

mercredi 12 mai 2010

3.De l’opinion travestie sous le manteau du savoir ou du prestige...

Parfois de simples opinions apparaissent comme des vérités parce que la personne qui les énonce est auréolée d'un certain prestige.En parcourant les pages internet de quelques médias belges, je suis tombé par hasard sur un article qui illustre à merveille un des pièges à éviter lorsqu’on cherche à penser juste. C’est celui d’une certaine aura de titres, de compétences, de savoir faire qui peuvent être très réels mais qui servent subtilement à donner de la solidité à une opinion ou un raisonnement qui n’a rien à voir avec la compétence concernée. Parfois, il faut avoir acquis une certaine acuité pour s’en  protéger. Il arrive que le mécanisme soit volontairement de mauvaise foi et dans ce cas la personne insiste lourdement sur sa qualification pour faire passer tout autre chose.C’est une malhonnêteté intellectuelle. Mais il arrive le plus souvent que la personne s’exprime à bâton rompu sur de multiples sujets dont certains sortent de sa compétence. Au récepteur à faire le tri.
L’exemple est tiré du quotidien belge “Le Soir” où une psychologue qui se présente comme une spécialiste notamment de la pédophilie, s’exprime sur l’amalgame du numéro 2 du Vatican entre pédophilie et homosexualité. Jusque là pas de problème, c’est un éclairage qui peut être précieux étant donné sa compétence qu’on veut bien lui accorder. Le problème est que le propos est émaillé, et ici de manière grossière mais ce n’est pas toujours le cas, par des considérations anticléricales exprimées dans un langage plutôt de bistrot et cela au nom d’un certain éclairage de la science et des lumières de la raison. Jugez plutôt. (Je ne reprends que les opinions qui n'ont rien à voir avec les compétences). Le texte intégral est ici: http://www.lesoir.be/debats/cartes_blanches/2010-04-21/eglise-catholique-et-pedophilie-un-lien-vraiment-contre-nature-765620.php
“Eglise catholique et pédophilie, un lien vraiment contre nature ?
                               Le Soir  mercredi 21 avril 2010
Isabelle Tapie Licenciée en psychologie, psychothérapeute à l’équipe de santé spécialisée du service de santé mentale de Dinant.

En tant que psychologue spécialisée dans le suivi des auteurs d’agressions sexuelles(1), je ne peux pas rester indifférente aux dernières révélations d’abus sexuels qui ont secoué l’église catholique.(...)Nous qui cherchions auprès de la science, naïfs profanes que nous sommes, les explications à notre existence sur terre (2),(...)l’église a toutes les réponses ! (3)(...)enfoncer un peu plus l’église catholique dans une dogmatique obscurantiste digne du Moyen Âge.(4)(...)Chez les protestants, le croyant, s’il a fauté, se débrouille avec Dieu. (5) (...)Et les curés, que savent-ils donc de la vie ? (6) "
(1) Compétence qui légitime et enrobe l'article;
(2) question philosophique du sens qui échappe à la compétence psychologique;ironie déplacée;
(3) simple opinion péremptoire qui échappe à la psychologie; la minuscule (é)glise est une faute d'orthographe qui est significative;
(4) compétence théologique et historique. (Michel Onfray , athée militant, parle lui dans son dernier livre du "dogmatisme "de la psychanalyse...et Jacqueline Kellen, spécialiste de l'anorexie chez l'adolescent parle du danger des prétendus médecins de l'âme (psuchè)...simple opinion).
(5) ignorance de la "psychologie religieuse" qui est une discipline en soi;
(6) opinion style “café de la gare”

Et il me semble que l'inverse est vrai aussi. Un certains nombre de croyants  par exemple,auront du mal à reconnaître une vérité si celle-ci est énoncée par un athée notoire.Un certains nombre d'athées auront du mal à reconnaître une vérité si celle-ci est énoncée par une personnalité religieuse.

Qu'en pensez-vous ?

mardi 11 mai 2010

2. Peut-on vivre sans convictions et sans certitudes?

“Mais nous allons tomber dans l’abîme effrayant du scepticisme” réfléchit Pécuchet. Et ( dans l’extrait du film cité plus bas) d’envoyer la politique par dessus la haie comme le reste.
Mais voilà qu’en zappant ce dimanche après-midi de flemme, j’atterri à l’émission de Michel Drucker, “vivement dimanche” chez qui Rama Yade est l’invitée d’honneur du salon rouge. Et là je n’en reviens pas.Trente deux ans...trente deux ans! Secrétaire d’état aux sports après avoir été secrétaire d’état aux affaires étrangères.Née à Dakar, élevée dans le giron de ce grand monsieur de Léopold Sedar Senghor, elle cultive toute petite ,la passion de la politique. Et d’expliquer en ce dimanche après-midi la force de ses convictionshttp://www.videos.nouvelobs.com/video/iLyROoafJNnm.html
Voilà donc une question qui traverse la société : comment se forger des convictions autour de valeurs essentielles tout en témoignant d’une grande ouverture d’esprit?Comment sortir d’un scepticisme et d’un relativisme absolu pour qui la vérité n’existe pas ("à chacun sa vérité"), ou au mieux pour qui toutes les vérités se valent qui conduisent à un semblant de tolérance mais surtout à l’immobilisme (Pourquoi en tant qu'homme défendre partout l'égalité homme-femme si ceux qui pensent le contraire ont aussi raison que moi? Pourquoi serais-je généreux si être égoïste est aussi valable...). Et  d’autre part, fuir le dogmatisme et l’intégrisme qui prétendent détenir LA Vérité?
Et l’on sent bien que c’est aussi ce qui se joue dans l’Eglise entre ceux qui attendent qu'elle s'adapte au monde et ceux qui attendent un retour plus ferme à la tradition.
« Avoir une foi claire, selon le Credo de l’Eglise dit Benoît XVI, est souvent étiqueté comme du fondamentalisme. Tandis que le relativisme, c’est-à-dire se laisser porter à tout vent de la doctrine, apparaît comme la seule attitude digne du temps présent. Peu à peu, se constitue une dictature du relativisme, qui ne reconnaît rien comme définitif et qui ne retient comme ultime mesure que son propre ego et ses désirs. » Benoît XV

-Pensez-vous qu'il y a des vérités valables pour tous les êtres humains, qui ne dépendent pas d'opinions ou de points de vue personnels? 
-Pensez-vous qu'on puisse vivre sans certitudes?

lundi 10 mai 2010

1. A chacun son opinion? Scepticisme,relativisme absolu?

 Je viens de redécouvir "Bouvard et Pécuchet" de Flaubert avec énormément de plaisir,de tendresse et un peu de pitié aussi pour ces deux compères qui cherchent la vérité de tout leur coeur  avec tant de naïveté. Une quête tellement actuelle où il est question de doutes, de scepticisme, d'absence d'évidences, de vérités toutes relatives, d'opinions suspectes...et d'esprits embrouilés par la surinformation ,les prises de position en tout sens et le mensonge.  EXTRAIT ICI    Séquences vidéo   ICI   Belle analyse du roman ICI.
Finalement, désabusés et déçus de tout, ils découvrent l'amour charnel et sentimental comme ultime refuge.
Ca me fait penser à la très belle chanson d'Alain Souchon : "La vie ne vaut rien, rien...mais quand je mets mes deux mains ...sur les petits seins de mon amie... rien, rien... ne vaut la vie"TEXTE ICI   CLIP ICI
Hélas, ce sera nouvelle déception pour nos héros.
Association d'idées: je me souviens aussi de ce bon vieux Qohélet, dit l'Ecclésiaste., qui me colle à la peau. Tout le monde connaît. Si si! Au moins le  "Vanités de vanités, tout n'est que vanité (littéralement 'vapeur') et poursuite du vent"et le "Rien de nouveau sous le soleil". Alors pour Qohélet qui a tout expérimenté, tout vécu, ne reste que la conviction  que le bonheur est un don à goûter lorsqu'il se présente, sans que l'homme en décide. Il ne se conquiert pas, ne se saisit pas(tout n'est que 'vapeur'), mais s'accueille comme un cadeau de Dieu .Il y a une magnifique analyse de Qohélet qu'il faut absolument lire ICI.
Le texte intégral  très poétique de Qohélet est ICI

Si quelqu'un pense à une autre expérience réelle ou littéraire en rapport avec cette question, merci d'en faire part.